Dix ans après le naufrage du Prestige et alors que le procès de la
catastrophe s'ouvre, l'association Ecologistas en Acción critique l'absence
des principaux responsables et le manque de moyens pour éviter qu'un
désastre similaire ne se reproduise. L'organisation lance une campagne pour
commémorer ce dixième anniversaire et honorer les bénévoles.

«Il manque des gens sur le banc des accusés», affirme Jaime Doreste, avocat membre du groupe de défense de l'organisation, lors de la conférence de presse organisée aujourd'hui. Doreste souligne qu'un seul membre des pouvoirs publics est incriminé, l'ancien directeur général de la Marine Marchande, José Luis Lopez Sors. «Les accusations auraient pu être beaucoup plus ambicieuses», indique-t-il, «Lopez Sors n'a pas agi seul, la chaîne de décisions est arrivée jusqu'à des responsables politiques plus haut placés».

Au procès qui commence mardi prochain, on ne jugera pas non plus la société
de classification ABS, qui a délivré le certificat d'aptitude à la
navigation au Prestige, rappelle Doreste. L'absence de beaucoup de
responsables et la lenteur avec laquelle a agi la justice espagnole est
l'opposé du procès conre l'Erika en France, où la compagnie pétrolière,
l'armateur et la société de classification furent accusés.

Après le naufrage on criait «Nunca Más !» (Plus jamais !), aujourd'hui nous
nous demandons quand seront prises les mesures pour éviter réellement qu'un telle catastrophe ne se reproduise», assure Théo Oberhuber. «Deux des
personnes impliquées sont membres de l'actuel gouvernement, le président
Rajoy et le ministre Cañete, la moindre des choses c'est qu'ils prennent
les choses en main», affirme le coordinateur de campagnes de Ecologistas en
Acción.

Dix ans plus tard, on continue à utiliser pavillons de complaisance et
navires monocoques, on ne connait toujours pas les conséquences de la marée noire sur l'environnement ou son impact sur la santé, mais surtout, on
continue à être dépendants du pétrole. Ce sont des leçons non apprises,
comme le souligne un document élaboré par l'organisation.

Tout le mois prochain, du début du procès à l'anniversaire du désastre,
Ecologistas en Acción organisera plusieurs activités sur la côte
cantabrique et à Madrid. Une page Facebook, appelée «Yo limpié chapapote» a été créée pour réunir les bénévoles qui participèrent au nettoyage des côtes. «Nous voulons honorer ce mouvement de solidarité, le sens de responsabilité des citoyens face à la mauvaise gestion politique», affirme Nerea Ramirez, coordinatrice de Ecologistas en Acción. «La même indignation qui nous poussa à enfiler les salopettes blanches de nettoyage nous pousse aujourd'hui à sortir dans la rue avec des pancartes pour protester contre l'immobilisme des politiciens.